7ème Conférence Internationale sur les Déchets Marins : aux sciences, citoyens !
Pollution plastique
Science
12 octobre 2022
Depuis la naissance de The SeaCleaners il y a 5 ans, nos bénévoles ont organisé ou participé à plus de 400 opérations de ramassage des déchets sauvages dans le monde. Nous le répétons souvent : la meilleure des sensibilisations, c’est l’action ! Les clean-ups ne servent pas qu’à nettoyer : ils éveillent les consciences, encouragent la mobilisation citoyenne, créent des synergies entre pouvoirs publics, acteurs privés et individus… Et permettent aussi de mieux comprendre la pollution plastique pour la combattre plus efficacement, grâce aux sciences participatives.
Le Pôle Scientifique de The SeaCleaners étudie ainsi la mise en place d’un programme de sciences participatives, en coopération avec d’autres ONG à travers le monde, pour fournir des réponses au niveau local et éclairer les politiques régionales, tout en contribuant aux connaissances mondiales sur les déchets plastiques.
Les sciences participatives fournissent des données précieuses à la communauté scientifique pour comprendre les tendances, les flux, les dérives, identifier les endroits où échouent et se concentrent les déchets plastiques, voire contribuer à résoudre le mystère des « plastiques manquants » (pour tout comprendre sur ce sujet, nous vous invitons à découvrir les travaux de Denise Hardesty, membre du comité scientifique international de The SeaCleaners). Mais existe-t-il de bonnes pratiques pour encourager les citoyens à contribuer à ces recherches ? Quelles sont les opportunités pour les communautés impliquées et les défis auxquels elles sont confrontées ? Comment les données recueillies peuvent-elles être harmonisées à l’échelle mondiale afin de pouvoir être comparées et fournir des informations exploitables qui vont permettre d’améliorer concrètement les moyens de lutte contre la pollution plastique marine ? Ces questions sont celles que le Pôle Scientifique tente de résoudre pour mettre en place le programme de sciences participatives de The SeaCleaners.
Les conclusions de ce travail ont été présentées par Gwenaële Coat, Responsable Scientifique de The SeaCleaners, lors de la 7ème Conférence Internationale sur les Débris Marins qui s’est tenue fin septembre à Busan en Corée du Sud, dans une session technique intitulée « Citizen science for combatting marine litter : challenges and possibilities« . L’étude s’appuyait sur les travaux menés par Mathilde Fradin, stagiaire d’AgroParisTech qui a travaillé sur le sujet de mars à septembre 2022.
Cette session, co-présidée par le professeur Alexander Turra (Institut océanographique de l’Université de São Paulo) et le docteur Kayleigh Wyles (Université de Plymouth), a mis le doigt sur les divergences qui peuvent parfois exister entre les attentes des scientifiques amateurs / citoyens qui collectent les données et les objectifs des scientifiques qui les analysent pour combattre la pollution plastique.
Le pôle scientifique a orienté son étude vers trois aspects principaux pour comprendre la science citoyenne et déterminer comment The SeaCleaners pourrait l’utiliser :
- Un analyse bibliographique non-exhaustive couvrant plusieurs années et plusieurs zones géographiques afin de comprendre où et comment les sciences participatives sont utilisées.
- Des entretiens avec des acteurs de terrain, en France et dans le monde, et une enquête qualitative auprès de 50 de nos bénévoles les plus actifs.
- Des revues de protocole pour concevoir le propre programme de sciences participatives de The SeaCleaners.
D’un point de vue scientifique et pédagogique, établir un protocole strict pour le programme de sciences participatives est impératif, afin de garantir la confiance dans les données collectées par les bénévoles de l’ONG. Ces derniers reçoivent une formation spécifique pour s’assurer que les clean ups respectent une méthodologie imposée. C’est le respect scrupuleux de ce protocole qui permet à l’ensemble du programme d’être reconnu et intégré dans des études nationales ou internationales existantes. Pour les contributeurs, savoir que leurs efforts et les données enregistrées contribuent à quelque chose de plus grand qu’un nettoyage local est particulièrement gratifiant.
Cette dimension est loin d’être négligeable. C’est même ce qui confère une réelle valeur ajoutée aux programmes de sciences participatives des ONG comme The SeaCleaners, mobilisant des participants qui sont, par définition, volontaires et hautement motivés. Une enquête qualitative auprès de 50 bénévoles de The SeaCleaners a ainsi montré que 65% d’entre eux étaient prêts à s’engager dans un programme de sciences participatives. Leurs principales motivations ? Contribuer à la production de connaissances utiles et servir leur conviction écologique. La conviction que les moyens de lutte sur le terrain doivent s’appuyer sur des connaissances scientifiques solides, étayées, validées, est un puissant moteur d’engagement.
Ce constat, qui met en évidence le désir exprimé par les bénévoles, est fondamental non seulement pour assurer une forte participation et un fort engagement, mais aussi pour garantir la validité des données. Si la motivation existe dès le départ, on peut compter sur la longévité du programme. Or c’est bien l’acquisition de données sur une longue période, aux mêmes endroits, couplée à l’utilisation de protocoles et de méthodologies comparables sur le long terme, qui donnent aux programmes de sciences participatives toute leur valeur.