Après la pluie… les microparticules de plastique !
Pollution plastique
Science
14 juin 2023
Un tout nouveau type de bulletin météo a été inauguré le 25 mai à Paris : celui des prévisions de pollution plastique. Une initiative maline de la Fondation australienne Minderoo pour alerter sur l’omniprésence des particules de plastique dans notre environnement.
D’après le Huffington Post
« The Plastic Forecast » est un bulletin météo expérimental visant à estimer la pollution produite par les microparticules de plastique à un endroit donné. Il a été inauguré à Paris le 25 mai 2023, au moment où la capitale française s’apprêtait à accueillir le 2ème cycle de négociations d’un futur traité sur la pollution plastique.
À en croire Minderoo, la fondation australienne derrière ce projet, c’est un lourd crachin persistant composé de milliards de particules de microplastiques qui s’abat régulièrement partout dans le monde.
Prenant l’exemple de Paris (d’autres villes sont à venir prochainement dans l’outil de simulation), le Plastic Forecast indiquait que 40 et 48 kilogrammes de morceaux de plastique devaient tomber sur la capitale, pendant la seule semaine de la conférence. Des « précipitations » relativement faibles, et pour cause : pas une goutte de pluie n’était attendue.
Si les particules de plastique dans l’atmosphère s’accumulent constamment sur le sol, comme le précise Plastic Forecast, il peut en tomber près de 10 fois plus lorsqu’il pleut.
La sortie de Plastic Forecast a été accompagnée d’une large campagne de sensibilisation, avec un affichage dans le métro, sur les Abribus et autres panneaux publicitaires numériques pendant la durée des négociations.
Les bulletins « météo plastique », imitant ceux de Météo-France, sont consultables sur le site Plasticforecast.com.
Des dommages « insoupçonnés » sur la santé
« Les particules de plastique se décomposent dans l’environnement et ce cocktail toxique finit dans nos corps, où il cause des dommages insoupçonnés à notre santé » estime Marcus Gover, responsable de la recherche sur les plastiques à la fondation australienne Minderoo.
L’inquiétude soulevée par l’impact des plastiques sur l’environnement et la santé s’est accrue ces dernières années, parallèlement au crescendo de recherches documentant leur omniprésence. Dans la nature, des microplastiques multicolores – inférieurs, par définition, à cinq millimètres de diamètre – ont été retrouvés dans la glace près du pôle Nord et dans les entrailles de poissons nageant dans les recoins les plus profonds de l’océan.
Chez l’homme, des morceaux microscopiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel et le placenta.
Sortir de la « politique de l’autruche »
Des tests sur les animaux ont établi un lien entre les substances chimiques dans les microplastiques et des risques accrus de cancer, de problèmes de reproduction et de mutations de l’ADN. Mais les données sur la santé humaine manquent encore.
« Les plastiques dans l’organisme qui devraient nous inquiéter le plus sont probablement ceux entre 10 nanomètres et un micromètre », déclare à l’AFP le pédiatre Christos Symeonides, chercheur à la Fondation Minderoo. « Ce sont eux qui ont le plus de chances de traverser nos membranes biologiques et de pénétrer dans les tissus, y compris la barrière hémato-encéphalique », barrière entre le sang et le système nerveux, ajoute-t-il. « Sur les risques sanitaires des microplastiques, nous commençons tout juste à sortir de la politique de l’autruche », estime-t-il.
Les prévisions de Plastic Forecast ne concernent toutefois que les particules beaucoup plus grosses, principalement des fibres synthétiques d’au moins 50 microns. Par comparaison, un cheveu humain mesure environ 80 microns (ou 80 000 nanomètres). « Il est donc probable que la quantité de plastique réellement accumulée soit bien supérieure aux prévisions du Plastic Forecast », alerte le bulletin météo sur son site Internet.
Une production en augmentation constante
La méthode mise au point par la Fondation Minderoo ne mesure pas vraiment en temps réel le plastique qui flotte dans l’atmosphère. Elle extrapole des recherches menées à Paris depuis 2015, qui ont permis de collecter des échantillons à plusieurs endroits tout au long de l’année, triés ensuite en laboratoire.
Menés par des scientifiques français, ces travaux pionniers ont révélé que la plupart des particules de plastique tombant sur les 2 500 kilomètres carrés de l’unité urbaine de Paris étaient du nylon et du polyester, probablement issus de vêtements. Et pour une partie, des résidus de pneus, disséminés en particulier au freinage.
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