Conférence de l’ONU sur les océans : l’état d’urgence est déclaré
Pollution plastique
Sensibilisation
12 juillet 2022
La première fois que les Nations unies ont décidé de dédier une conférence de haut niveau à l’Océan, c’était à New York en 2017. Cinq ans plus tard, la santé des océans préoccupe plus que jamais la communauté internationale et revient sur le devant de la scène, avec la 2ème Conférence des Nations-Unies pour l’Océan (UNOC) qui vient de se conclure à Lisbonne. Près de 7 000 participants, 24 chefs d'État et de gouvernement, et plus de 2 000 représentants de la société civile, dont The SeaCleaners, y ont pris part. Huit jours d’événements, un programme officiel dense, un forum de la jeunesse et de l’innovation et une pléthore d'événements parallèles ont permis de sonner la mobilisation générale autour de la cause des océans.
Refuser le simplisme
A l’instar de la COP26 de Glasgow, l’événement s’est résolument orienté vers la recherche de solutions et l’identification d’actions concrètes, autour d’un fil rouge : « Renforcer l’action océanique fondée sur la science et l’innovation pour la mise en œuvre de l’objectif 14 : bilan, partenariats et solutions ». Car l’Océan est dans une situation désastreuse et les huit dialogues interactifs (1) de la Conférence, au cours desquels les parties prenantes se sont réunies pour se mettre d’accord sur la formulation des ‘concept papers’ (notes de réflexion), ont donné le ton.
Parmi les huit dialogues, le pôle scientifique de The SeaCleaners s’est particulièrement intéressé au thème n°1, la lutte contre la pollution marine. Dans ce cadre, le physicien Dr. Richard Thompson a mis le doigt sur la difficulté que rencontre la communauté scientifique face aux méthodes à utiliser pour comprendre comment la pollution plastique pollue l’océan. Sujet aussi épineux que fondamental pour pouvoir lutter efficacement contre ce fléau. Il a expliqué : « Les déchets plastiques marins sont souvent présentés comme un problème pernicieux. En effet, ils sont très hétérogènes de par leur forme, leur composition, leur nocivité, leur source. Ainsi tout autant de méthodes sont utilisées pour leurs études, et le plus important n’est pas la standardisation des méthodes mais bien de répondre aux questions fondamentales auxquelles nous sommes confrontés afin de réduire leurs impacts sur les écosystèmes et la santé humaine ». L’urgence est telle et le problème si complexe qu’une réponse simple et standardisée est impossible. Elle ne peut être que multiple et localisée.
The SeaCleaners rencontre Emmanuel Macron
The SeaCleaners a eu l’occasion de s’entretenir avec le Président de la République française Emmanuel Macron, au sujet des engagements de la France (deuxième plus grand domaine maritime au monde) en matière de lutte contre la pollution plastique. Surprenant positivement les ONG présentes, le chef de l’Etat a déclaré en conférence : « Je pense que nous devons élaborer un cadre légal pour mettre un coup d’arrêt à l’exploitation minière des fonds en haute mer et ne pas autoriser de nouvelles activités qui mettraient en danger les écosystèmes », avant d’annoncer que la France organiserait la troisième conférence des Nations-Unies sur l’océan en 2025, aux côtés du Costa Rica.
« Je ne pense pas qu’il soit trop tard (pour agir) mais c’est l’ultime moment », a-t-il conclu, évoquant le prochain sommet sur la biodiversité de Montréal en décembre, la COP215, au cours duquel doit être signé l’équivalent de l’Accord de Paris pour la biodiversité.
Il n’est pas trop tard pour agir en faveur de l’océan… Ce sentiment était largement partagé à Lisbonne par les participants de la Conférence, mais comment y parvenir ? Il faut un changement total de notre mode de vie, comme l’a dit la célèbre océanographe Sylvia Earle : « Les vrais champions du futur seront ceux qui sauront vivre en harmonie avec la nature et utiliser ce que nous avons déjà. Au lieu de dépecer la terre pour trouver des matières premières, pourquoi ne pas utiliser les tas d’ordures que nous avons accumulés – ce sont des mines d’or ».
Acteur complet de la dépollution des milieux aquatiques, The SeaCleaners est fier de contribuer à ce combat collectif mondial, en s’attachant à être présent sur tous les fronts, de la préservation des écosystèmes marins et côtiers, à leur restauration, en passant par l’éducation et l’accroissement des connaissances scientifiques pour la conservation et la durabilité de l’océan.
Les principales avancées de la Déclaration de Lisbonne
Investissements
- « Protégeons notre planète » : ce fonds, qui rassemble des organisations philanthropiques du monde entier, investira au moins 1 milliard USD pour soutenir la création, l’expansion et la gestion des aires marines protégées et des zones marines et côtières gérées par les communautés autochtones et les collectivités locales d’ici 2030.
- La Banque européenne d’investissement va accorder 150 millions d’euros supplémentaires aux Caraïbes dans le cadre de l’initiative Clean Oceans pour améliorer la résilience climatique, la gestion de l’eau et la gestion des déchets solides.
- Le Fonds pour l’environnement mondial a approuvé une subvention de 25 millions de dollars en faveur des zones marines protégées de Colombie.
- La Banque de développement d’Amérique latine a annoncé un engagement volontaire de 1,2 milliard USD pour soutenir des projets en faveur de l’océan dans la région.
- L’Alliance d’action pour le risque et la résilience de l’océan a annoncé une recherche mondiale de plusieurs millions de dollars pour la prochaine génération de projets visant à renforcer la résilience des communautés côtières et à financer des produits de financement et d’assurance.
Aires marines protégées et pollution
- Le Portugal s’est engagé à faire en sorte que 100 % de la zone marine sous souveraineté ou juridiction portugaise soient évalués comme étant en bon état écologique et à classer 30 % des zones marines nationales d’ici 2030.
- Le Kenya élabore actuellement un plan stratégique national pour l’économie bleue, inclusif et à vocation multilatérale. Le pays s’est également engagé à élaborer un plan d’action national sur les déchets plastiques marins.
- L’Inde s’est engagée à mener une campagne pour des mers propres sur le littoral et s’efforcera d’interdire les plastiques à usage unique, en commençant par les sacs en plastique.
Science et innovation
- La Suède va soutenir le renforcement de la coopération scientifique, notamment en fournissant 400 000 USD en 2022 à IOC-UNESCO pour la Décennie des Nations unies pour l’océanographie au service du développement durable, afin de soutenir les travaux sur la cible 3 de l’ODD 14 (lutter contre l’acidification des océans).
- L’Alliance des petits États insulaires en développement a lancé la Déclaration pour l’amélioration des connaissances scientifiques marines, des capacités de recherche et du transfert des technologies marines vers les petits États insulaires en développement.
Action pour le climat
- Les États-Unis et la Norvège ont annoncé un défi de navigation verte pour la COP 27. Cette initiative encourage gouvernements, ports, transporteurs maritimes… à proposer des mesures concrètes vers une décarbonation complète au plus tard en 2050.
- Singapour va promouvoir le transport maritime vert, en encourageant la recherche de carburants à faible teneur en carbone.
- Le Chili travaille avec des centres spécialisés pour développer un réseau de corridors verts pour le transport maritime afin de parvenir à un transport maritime sans carbone.
(1) Les huit dialogues interactifs organisés étaient : 1- Lutter contre la pollution marine ; 2- Gérer, protéger, conserver et restaurer les écosystèmes marins et côtiers ; 3- Réduire au minimum l’acidification, la désoxygénation et le réchauffement des océans et y remédier ; 4- Rendre la pêche durable et permettre aux petits pêcheurs artisanaux d’accéder aux ressources marines et aux marchés ; 5- Promouvoir et renforcer les économies durables fondées sur l’océan, en particulier pour les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés ; 6- Accroître les connaissances scientifiques et développer les capacités de recherche et le transfert des technologies marines ; 7- Renforcer la conservation et l’utilisation durable des océans et de leurs ressources en appliquant le droit international, tel que reflété dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ; 8- Tirer parti des liens entre l’Objectif de développement durable 14 et les autres Objectifs en vue de la mise en œuvre du programme 2030.