COP26 DE GLASGOW : la voix des océans a été entendue
17 novembre 2021
Alors que le Pacte de Glasgow pour le climat, adopté avec grande difficulté, a été jugé unanimement décevant, quelques avancées notables sont néanmoins à relever, particulièrement concernant les océans.
Des avancées pour les océans
- C’est la première fois que l’océan est mentionné de manière aussi prééminente dans le préambule du compromis final d’une COP. Le Pacte de Glasgow souligne en effet « l’importance de garantir l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les forêts, l’océan et la cryosphère ». Ces quelques mots montrent que l’océan fait désormais l’objet d’une reconnaissance accrue pour son rôle dans l’atténuation et l’adaptation face au changement climatique.
- Les écosystèmes marins acquièrent également pour la première fois un statut reconnu de « puits de carbone », à travers l’article 21 de la déclaration finale qui insiste sur l’importance de protéger, conserver et restaurer « les écosystèmes terrestres et marins » pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effets de serre.
- La communauté des organisations de protection de l’océan, qui s’était fortement mobilisée avant la COP à travers une initiative inédite (la Déclaration « Océan pour le Climat ») a obtenu gain de cause puisque l’article 61 du pacte prévoit enfin la mise en place d’un dialogue scientifique et technique océan-climat annuel, à partir de 2022.
The SeaCleaners se réjouit que le sujet de la santé de l’océan s’ancre ainsi plus fortement que jamais dans les futures négociations climatiques.
Sur d’autres fronts, quelques avancées encourageantes ont émergé. De nombreuses coalitions se sont mises en place, notamment sur la déforestation ou le méthane. Les révisions des contributions des pays auront désormais lieu tous les ans et plus tous les 5 ans. Et, pour la première fois, l’Accord fait mention noir sur blanc du poids du charbon et des énergies fossiles dans le changement climatique – les mots pétrole et gaz ne figurant pas dans l’Accord de Paris.
Mais ces progrès demeurent modestes.
Dans le domaine du changement climatique, de la pollution plastique marine comme celui des effets de l’industrie plastique sur les émissions de gaz à effet de serre, les sujets doivent dorénavant être traités collectivement, comme une vraie crise installée. Des citoyens, des ONG, la société civile, certains Etats s’inscrivent dans cette dynamique. Mais ces derniers sont encore trop peu nombreux, et il manque à l’appel les grandes nations qui pourraient faire la différence.
Notons également que, si l’objectif de limiter le réchauffement climatique à+1,5 degré est maintenu, il n’est pas garanti. Il n’y a pas eu d’avancées sur les aides financières ni sur l’adaptation pour les pays les plus pauvres qui subissent déjà les conséquences du changement climatique. Des populations vont disparaître, des Etats insulaires vont être rayés de la carte de notre vivant.
La COP26 devait honorer l’Accord de Paris et chaque Etat était appelé à rehausser ses ambitions. Près de 150 États ont relevé le défi, en s’engageant à réduire de 30% d’ici 2030 leurs émissions de méthane (le deuxième gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le CO2).
« Eviter l’ingérable »
Mais cela n’empêche pas le pire scénario de se profiler : les projections montrent que nous restons, en dépit de ces engagements plus volontaristes, sur une trajectoire catastrophique à +2,7 degrés. Rappelons que seule une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement à 1,5°C permettra de préserver l’intégrité de l’océan.
L’expert du GIEC Alexander Ginzburg avait eu cette formule choc : « si nous voulons éviter l’ingérable, nous devons gérer l’inévitable ».