Crise climatique : comment les déchets plastiques marins contribuent au réchauffement de la planète
Pollution plastique
13 mai 2023
Alors que la France s’apprête à accueillir la 2ème session du comité chargé de développer un accord international juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique (INC-2), The SeaCleaners se mobilise pour rappeler l’urgence d’un tel traité, y compris pour lutter contre le réchauffement climatique.
Du 29 mai au 2 juin prochain, se tiendra à Paris la deuxième session du Comité Intergouvernemental de Négociation, connue sous le nom anglais d’INC-2 (Intergovernmental Negotiating Committee). Ce comité est chargé de “développer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin”, d’ici à 2024.
Alors que l’association The SeaCleaners est engagée autour de la table des négociations pour plaider en faveur d’un traité fort et ambitieux, il est également important de rappeler pourquoi la pollution plastique est un fléau qui mérite la plus forte attention internationale.
1 tonne toutes les 3 secondes, c’est la quantité de plastique déversée dans la mer. Que se passe-t-il ensuite pour ces déchets marins non-gérés ?
La pollution plastique émet des gaz à effets de serre : méthane et CO2
Une des idées reçues les plus courantes au sujet de la pollution plastique marine, c’est qu’elle serait problématique pour l’environnement car c’est un matériau qui ne se dégrade pas. C’est faux ! Certains des plus grands dangers du plastique résident précisément dans les effets néfastes liés à la toxicité de sa dégradation.
Un des (mé)faits les plus méconnus de la pollution plastique marine est qu’elle participe directement, par sa lente dégradation, à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et joue un rôle catalyseur dans le réchauffement de notre planète.
Grâce aux travaux de l’océanographe Dr. Sarah-Jeanne Royer*, nous comprenons mieux ce qu’il se passe quand un plastique est jeté à la mer.
A toutes les étapes de sa dégradation en mer, le plastique émet des gaz à effet de serre : de sa photo-dégradation où, chauffé par le soleil, il produit de l’éthylène et surtout du méthane (un gaz 21 fois plus puissant que le CO₂), à sa métabolisation par des micro-organismes, qui peuvent convertir une partie du carbone contenu dans ces nano-plastiques en CO₂. Plus le plastique se dégrade en petits morceaux, plus il produira de gaz à effet de serre.
La pollution plastique des océans : véritable bombe à retardement
Ainsi, les recherches du Dr. Royer sont les premières à mettre en évidence les émissions de gaz à effet de serre issues de la dégradation du plastique dans l’environnement marin. Elles font apparaître l’effet boomerang du plastique sur le réchauffement climatique. Alors que les émissions de gaz à effet de serre émanant du plastique n’étaient envisagées que sous l’angle de la production, de la transformation et du transport de ce matériau, on découvre que les émissions de gaz à effet de serre liées à la dégradation du plastique représentent une véritable bombe à retardement.
En effet, ces émissions de gaz à effet de serre n’en sont qu’à l’aube de leur potentiel de nuisance : plus de la moitié de tous les plastiques a été fabriquée depuis 2000. Et si la production mondiale de plastique dépasse désormais chaque année le poids de l’humanité, soit 400 millions de tonnes, l’UNEP (UN Environment Programme) prévoit que la production mondiale pourrait plus que doubler d’ici 2050.
Stopper la pollution plastique : une urgence mondiale
Aujourd’hui, près de 40 millions de tonnes de plastique sont rejetées chaque année dans l’environnement : si le niveau des émissions est encore relativement faible à l’heure actuelle, il devrait augmenter à mesure que les déchets plastiques des 70 dernières années continuent de se décomposer et que de nouveaux plastiques sont produits.
Que se passera-t-il quand ces plastiques atteindront leur pic de dégradation ?
La lutte contre la pollution plastique est un des défis de notre siècle, et il est impératif d’arriver à un traité juridiquement contraignant pour mettre fin à ce fléau qui étouffe nos océans, met en péril notre planète et notre santé.
* Dr. Sarah-Jeanne Royer est océanographe, membre de notre Conseil Scientifique International et spécialiste à l’Institut océanographique Scripps sur la dégradation des plastiques.