Indonésie : Les échouages de baleines se multiplient sur les côtes de Bali
Indonésie
Mobula
14 avril 2023
Depuis le 1er avril, plusieurs cachalots et cétacés se sont échoués en Indonésie. Retour sur cette série d’événements tragiques dans l'un des principaux pays victimes de la pollution plastique océanique.
Série noire pour les baleines balinaises...
Mercredi 5 avril : un cachalot mâle de 18 mètres de long s’échoue sur une plage du district de Klungkung, sur la côte est de Bali. Les habitants et les autorités locales repoussent l’animal agonisant vers la mer, mais il est retrouvé mort sur une autre plage quelques heures plus tard. Les experts animaliers se préparent maintenant à autopsier le cachalot pour déterminer les causes de sa mort. Les résultats seront communiqués dans environ trois semaines.
Samedi 8 avril : un autre cachalot mâle de 17 mètres est découvert échoué sur la plage de Yeh Leh, dans le district de Jembrana, à l’ouest de Bali. Permana Yudiarso, responsable local du secteur de la pêche et de la marine, a expliqué que l’équipe en charge tentait de remorquer la carcasse jusqu’au rivage pour faciliter la réalisation de l’autopsie, avant de procéder à l’enterrement une fois celle-ci terminée. Ici aussi l’analyse des résultats de la nécropsie est en cours.
C’est la troisième baleine à s’échouer à Bali depuis le début du mois d’avril ! Le 1er avril, un rorqual de Bryde de plus de deux tonnes et d’au moins 11 mètres de long avait été retrouvé échoué sur une plage de Tabanan.
La question hante tous les esprits : quel phénomène est à l’origine cette série noire ? Et, sans préjuger des résultats des analyses, tous les regards se portent vers un des fléaux environnementaux récurrents de l’archipel indonésien : la pollution plastique.
“Nous recherchons toujours les causes de sa mort. Nous voulons une explication scientifique, pour savoir si la pollution ou les (déchets) plastiques sont en cause.
”
La pollution plastique, une crise environnementale d'envergure
Si le plastique figure sur la liste des suspects dans la mort de ces trois grands cétacés, c’est que l’échouage de baleines en Indonésie, et plus largement en Asie du Sud-Est, n’est pas un événement isolé.
En 2018, un cachalot avait déjà été retrouvé mort à Bali avec une centaine de gobelets et une vingtaine de sacs en plastique dans son estomac, une preuve accablante de la gravité de la pollution plastique qui affecte les eaux indonésiennes.
En 2019, c’est 40 kilos de plastique qui ont été retrouvés dans l’estomac d’une baleine échouée aux Philippines. Les sacs de course en plastique et les emballages l’empêchaient de s’alimenter et l’animal est mort de faim. Au cours des 10 dernières années, pas moins de 61 baleines et dauphins ont été victimes de la pollution déversée dans l’Océan Indien, la Mer de Java et la Mer des Philippines.
Depuis plusieurs années, l’Indonésie fait régulièrement partie des 10 pays considérés comme contribuant le plus à la pollution plastique océanique mondiale (voir notre article à ce sujet). En cause : une forte demande pour des produits (sur)emballés dans ce pays densément peuplé, associée à un système de gestion des déchets balbutiant et une géographie insulaire compliquant le ramassage et le traitement des déchets. Ces trois facteurs expliquent que la pollution plastique soit devenue, au fil des années, un enjeu environnemental majeur à Bali et dans tout l’archipel indonésien, au point que le gouvernement en ait fait une priorité et mette en place une stratégie nationale pluriannuelle ambitieuse, visant à réduire de 70% la pollution plastique d’ici à 2025.
Des solutions pour dépolluer les zones les plus impactées
Les tragédies récentes sur les plages de Bali soulignent l’importance cruciale de la lutte contre la pollution plastique dans les océans. Les déchets plastiques qui se retrouvent dans l’eau peuvent causer des dommages irréparables à la vie marine, y compris aux plus grands mammifères comme les cachalots.
C’est pour préserver une biodiversité marine remarquable et un écosystème aquatique magnifique, entre ceinture de corail et îles volcaniques, que The SeaCleaners a implanté le Mobula 8 à Bali depuis 2022. Ce bateau de dépollution polyvalent et innovant est conçu pour les eaux calmes et s’inscrit dans un programme global de lutte contre la pollution plastique : le programme MAPP (Mobula Against Plastic Pollution).
En partenariat avec les autorités locales, les associations et les entrepreneurs, The SeaCleaners met en place un programme complet pour lutter contre la pollution plastique : collecte et gestion des déchets, sensibilisation et formation des communautés locales, assistance technique pour améliorer la chaîne de valeur, et recherche scientifique. Ce programme vient compléter l’action curative du navire Mobula 8.
Ce projet ambitieux vise à nettoyer les zones les plus polluées de l’océan autour de Bali en utilisant des technologies innovantes. En travaillant à la réduction de la pollution plastique dans les océans, The SeaCleaners espère préserver la vie marine et protéger les écosystèmes pour les générations futures.
Sources
- Massive sperm whale beaches itself, dies in Bali
- Pollution des océans : une baleine a agonisé avec 40 kilos de plastique dans le ventre
- Cette baleine est morte après avoir ingéré plus de 9 kilos de plastique
Cette photo prise le 8 avril 2023 par le Bureau régional de gestion des ressources marines et côtières de Denpasar, et diffusée avec l’aimable autorisation du ministère indonésien des Affaires marines et de la Pêche, montre une baleine morte échouée sur une plage de Jembrana, sur l’île balnéaire de Bali, en Indonésie. (Photo par Handout / diverses sources / AFP)