L’Ascenseur à déchets : le nouvel allié des plongeurs pour préserver les océans

Vous avez déjà entendu parler du Belubag, notre sac de collecte pour les déchets immergés ? Voici son compagnon de route, pour les grandes campagnes de nettoyage : l’Ascenseur à déchets ! Pensé pour les plongeurs aguerris (bouteille ou apnéistes) et développé avec eux, l’Ascenseur à déchets permet de remonter plusieurs sacs de déchets à la surface en une seule fois, en toute autonomie et sans assistance directe.

Fonctionnant comme les dispositifs de levage subaquatique traditionnels, l’Ascenseur à déchets a été développé en partenariat avec la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-marins (FFESSM), les Nettoyeurs Subaquatiques (NSA), association arcachonnaise spécialisée dans le nettoyage sous-marin, et Oxymax, société de métallurgie basée dans le Finistère, le tout avec le soutien financier de la région Bretagne.

Le processus de réalisation d’un projet en ingénierie demande toujours plusieurs mois (voire plusieurs années !) de travail. Les étapes sont immuables : identification des besoins, recherche, études, conception, fabrication d’un ou plusieurs prototypes, essais dans différents environnements (2 fois, 3 fois, 4 fois…), retours d’expérience, tests de validation, et enfin le Graal : la fabrication en série ! Le développement de l’Ascenseur à déchets n’a pas dérogé à cette règle. On vous emmène dans les coulisses de sa naissance, sur les pas de Baptiste Jagoury, ingénieur chef de projet chez Manta Innovation.

Les plongeurs sollicités pour identifier les besoins

En plus des solutions de collecte des déchets de surface, que sont le MANTA et les MOBULA, Manta Innovation a décidé en 2022 de s’attaquer au problème de la pollution sous-marine. Première étape : la réalisation d’une enquête qualitative, pour connaître la réalité du terrain grâce aux retours de plongeurs confrontés au phénomène. 150 réponses ont ainsi pu être décortiquées et analysées. Les constats sont identiques : la pollution sous-marine existe et les plongeurs sont la plupart du temps démunis face à celle-ci. D’une part, leur matériel de collecte, essentiellement des sacs, n’est pas adapté. D’autre part, les plongeurs sont limités par le nombre de sacs qu’ils peuvent emporter et remonter. La problématique était posée, restait à apporter une réponse.

Chez Manta Innovation, c’est Baptiste Jagoury, ingénieur chef de projet, qui prend la direction du projet. Il contacte 2 plongeurs expérimentés : Olivier Linardon et Jean-Christophe Scherding, respectivement président et vice-président de NSA. Fondée en 2020, cette association loi 1901 s’est fixée comme objectif de procéder à des sessions de nettoyage sous-marine dans la région d’Arcachon. En d’autres termes, il s’agit d’un club de plongée exclusivement dédié à la collecte de déchets ! Très vite, un rendez-vous est pris, et c’est le coup de foudre entre le bureau d’études et l’association : les violons s’accordent, les idées fusent et les projets naissent.  

Quand l’idée parait…

En parallèle de la création du Belubag en décembre 2022, un deuxième projet voit le jour : l’Ascenseur à déchets. Lorsqu’ils plongent pour ramasser les déchets, les plongeurs sont souvent confrontés au problème de la charge : ils ne peuvent embarquer avec eux qu’un ou deux sacs maximum. Résultat, si la zone est très polluée, ils sont contraints d’effectuer des allers-retours entre le fond et la surface pour vider leurs sacs pleins, multipliant ainsi les remontées et les plongées fastidieuses, chronophages et énergivores.

Pourquoi, dès lors, ne pas développer une solution qui effectuerait ces allers-retours à la place des plongeurs ? Mieux, et si la solution était spécialement conçue pour remonter une multitude de petites charges, comme des sacs ? C’est ainsi que nait le projet Ascenseur à déchets. Le concept est simple : il s’agit d’une armature, au design calculé, pensé pour accueillir non seulement des sacs, mais aussi du matériel de levage : bouteille d’air et parachute. Finis les aller-retours entre le fond et la surface : c’est l’ascenseur qui s’en charge. On remplit le parachute et hop ! l’ensemble “décolle” avec tous les sacs de déchets.  

La fabrication d’un premier prototype est lancée. Concernant le matériau, on choisit l’acier inoxydable 316L qualité marine, pour sa résistance au choc et à la corrosion. 

Premiers essais en milieu naturel et premier re-désign

Parce qu’ils ont apporté une aide capitale aux projets, depuis leurs débuts, les premiers essais sont menés avec les plongeurs nettoyeurs experts de NSA au Bassin d’Arcachon. Les seconds ont lieu dans le lac de la Magdeleine, tout proche, et les résultats sont concluants : l’ascenseur fonctionne. On décide des quelques améliorations à apporter, notamment pour réduire le poids de l’armature.

L’Ascenseur à déchets a droit à un lifting : des supports sont ajoutés pour permettre à des flotteurs de venir s’y fixer, ce qui permet de réduire drastiquement, voire de compenser intégralement, le poids apparent de l’ascenseur une fois immergé.

Deuxièmes essais en fosse de plongée

Qui dit changements dans le design, dit aussi essais de vérification, qui cette fois a lieu dans une fosse de plongée. L’avantage d’une fosse, c’est l’espace, la visibilité et l’absence de courant : les ascenseurs peuvent être testés sans avoir à s’inquiéter des conditions extérieures. Des déchets factices sont créés avec des poids de plongée.

Résultats : l’adjonction de flotteurs fait la différence, mais n’est pas encore optimale : s’il est plus facile de déplacer l’ascenseur jusqu’à la zone polluée, il pèse encore trop lourd. En revanche, les corrections dans le design de l’armature ont permis de faciliter l’attache des sacs, ainsi que d’améliorer son ergonomie : il est non seulement plus esthétique, mais il est plus facile à poser, à saisir et à lever. La remontée par parachute fonctionne à merveille : la trajectoire est bien verticale et prévisible.

Deux versions s’affrontent

Le problème de poids étant toujours présent, on décide de doubler le nombre de flotteurs, et de jouer sur les perçages, les creux et les matériaux pour pousser l’allégement plus loin. Deux nouvelles versions de l’ascenseur sont mises au point : une version en acier inoxydable allégé, et une version en aluminium. Une fois encore, nouveaux designs, nouveaux essais !

Derniers tests sur le terrain pour départager les finalistes

Exit la fosse et ses conditions parfaites : pour ces derniers essais sur l’Ascenseur à déchets, ça se passe sur le terrain, en dépit d’une météo difficile ! Même dans ces conditions, les ascenseurs, une fois remontés à la surface, sont facilement repérés et extraits. Les parachutes sont alors vidangés et les sacs pleins sont remplacés par des sacs vides. L’ascenseur redescend finalement comme il est monté : tout seul ! 

Essais concluants, validation finale !

Suite à ces derniers essais, la solution est définitivement validée. Solidité, résistance mécanique, résistance à la corrosion, résistance aux chocs, réparabilité, facilité de montage, et surtout prix : c’est la version inox de l’Ascenseur à déchets qui est plébiscitée.  

La fabrication en série de l’Ascenseur à déchets peut maintenant débuter !  

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