SAYPE : l’artiste signe une oeuvre monumentale et éphémère au profit de The SeaCleaners
Suisse
15 novembre 2021
L'artiste franco-suisse Saype, à la reconnnaissance internationale, s'est approprié les vallons de la Coquerelle, dans les montagnes jurassiennes, pour soutenir The SeaCleaners, avec une oeuvre monumentale et éphémère.
Être au bon endroit, au bon moment, c’est ce qu’il faut pour pouvoir admirer les oeuvres de Guillaume Legros, connu sous le nom de Saype. Cet artiste spécialisé dans le landart parcourt le monde avec ses trois acolytes et amis d’enfance pour créer des fresques gigantesques à l’aide de peinture biodégradable. Derrière chaque création, l’envie de marquer les esprits et faire bouger les lignes.
“Mon premier but est d'impacter les esprits et capter l'attention. Nous sommes tellement sollicités visuellement dans cette époque qu'il est difficile de se démarquer.”
Après avoir investi des endroits emblématiques comme le Champ de Mars à Paris ou le coeur du Palais des Nations à Genève, Saype a répondu à l’appel du Lions Club de Delémont pour s’attaquer cette fois-ci aux vallées de la Caquerelle dans les montagnes suisses afin de sensibiliser à la pollution plastique. Sur 160m, l’artiste met en scène un petit garçon qui construit un bateau avec des déchets plastiques, qu’il a baptisé Le Sea Cleaner.
Je trouve ça intéressant de créer une oeuvre, ici, dans une région très terrestre, pour soutenir une association qui va aider à dépolluer les océans. Cela permet de rappeler que les océans et la terre sont étroitement liés: les déchets jetés à terre vont forcément terminer dans les fleuves et autres, donc pour moi la logique est claire.
Les océans, il les connait bien. En effet, Saype est un ancien sauveteur en mer. Après une collaboration réussie avec SOS Méditerranée, l’idée d’utiliser de nouveau son art au service de la planète bleue l’a immédiatement séduit. Mais comment produire une oeuvre d’une telle envergure, en prenant la nature comme toile ?
Trois questions s’imposent à sa réflexion : QUOI, COMMENT et OÙ. Quel est le message à faire passer, comment l’exprimer et quel est le meilleur endroit pour lui donner vie ? Une fois que ces points sont définis, Saype organise une séance photo pour peindre à partir d’un modèle.
Pour cette oeuvre, la réalisation était particulièrement complexe à cause du décor vallonné et de la longueur du motif (160m). Je suis obligé de garder des repères et utilise donc des piquets de bois pour me repérer dans l’espace. Je m’assiste également d’un drone pour que l’image interagisse bien avec le paysage. Je démarre alors une première esquisse en noir et utilise 5 dégradés différents qui me permettent de jouer avec les volumes et créer cette illusion que les oeuvres sont posées sur le sol.
En tout, la création du Sea Cleaner aura mobilisé son équipe 3 jours entiers sur place.
“Je dis toujours que mes oeuvres nécessitent une année de travail pour une journée d’existence. C'est super poétique de savoir que son oeuvre va être récupérée par la nature, non ?”
Mais pourquoi utiliser la nature, imprévisible, pour y déposer son message ? Pour Saype, tout l’intérêt est là :
Je lis beaucoup de littérature bouddhiste, et utilise le même pilier central pour mes oeuvres qui est l’impermanence. Tout est en perpétuelle évolution, en mouvement. J’aime l’idée que mes créations vont bouger et évoluer avec la nature. J’aime l’idée que je vais pouvoir marquer la mémoire collective, sans laisser de trace sur le sol.